Rémy Fortier

Exister. Une œuvre en soi

La fabrication des souvenirs (19/25)

Rémy Fortier, Frida Kahlo
Rémy Fortier en Frida Kahlo

Rémy, seul dans sa chambre à coucher, s’était paré des atours de Charlotte. Les vêtements féminins caressaient son corps, le soutien-gorge enserrait sa poitrine, les bas de nylon glissaient le long de ses jambes. Une robe fleurie enveloppait sa silhouette, sa féminité se révélait dans les nuances des motifs.

Il s’était maquillé, méticuleusement, afin de se fondre dans le reflet qu’il imaginait être celui de Charlotte. Son regard se posa sur le miroir, un miroir qui semblait contenir toutes les vérités du monde.

La colère et le désir dansaient en lui, s’entremêlaient dans un écheveau complexe. Les flammes de la passion et de la trahison brûlaient en lui, si contradictoires, si insaisissables. Les souvenirs de Charlotte se mêlaient à sa propre identité, se confondaient dans cette chambre empreinte de secrets.

Rémy se regarda dans le miroir, observant les traits féminins qui se reflétaient. Il était à la fois lui-même et Charlotte, une fusion troublante de deux âmes en écho. La colère se transforma peu à peu en un désir fiévreux, une nostalgie érotique qui le poussait vers l’inconnu.

Dans ce jeu de rôles introspectif, Rémy ressentait une intensité nouvelle, une liberté dans le déguisement, une exploration des frontières du genre et de l’identité. Il se laissa emporter par les vagues tumultueuses de cette métamorphose, s’abandonnant à la transformation, à l’exploration de son être profond.

Le miroir lui renvoyait une image troublante, une image qui défiait les conventions et les attentes. Il était Rémy, il était Charlotte, il était un mélange des deux, une énigme vivante qui cherchait à comprendre les intrications de son propre désir.

Dans cette chambre, dans ce moment de révélation, Rémy ne se sentait ni homme ni femme, mais une entité fluide, en perpétuelle métamorphose. Les frontières s’effaçaient, les catégories se dissolvaient dans un kaléidoscope de sensations et d’émotions.

Il savait que le chemin serait difficile, que les jugements et les préjugés l’attendaient au détour de chaque rue. Mais dans cet instant, dans cette chambre chargée de mystère, Rémy embrassa son authenticité, sa singularité, son désir. Il était lui-même, il était Charlotte, et il était libre dans cette étreinte intime avec son propre être.

(ALMD : G. Stein)

Rémy Fortier, Frida Kahlo
Rémy en Frida Kahlo