Le crépuscule éclairait les rues de Sault-Sainte-Marie tandis que Rémy et Charlotte s’attablaient à la terrasse d’une petite pizzeria sur East Street. Les vapeurs appétissantes de la pizza flottaient dans l’air, mêlées aux rêves et aux aspirations de ces deux jeunes amants.
Charlotte, animée d’une passion vibrante, partageait ses espoirs pour l’avenir. Elle évoquait sa carrière de médecin, les horizons qu’elle souhaitait explorer, les vies qu’elle rêvait de sauver. Son regard pétillait d’une détermination sans faille, sa voix résonnait avec la clarté d’un oracle.
Rémy, quant à lui, écoutait ses mots avec une attention captivée, mais son esprit était emporté par une fascination bien différente. Ses yeux étaient fixés sur les mains délicates et élégantes de Charlotte, qui manipulaient habilement une part de pizza. Chaque geste, chaque mouvement, étaient des notes dans une symphonie secrète qui résonnait en lui.
Les doigts fins de Charlotte semblaient esquisser des arabesques dans l’air, comme si la pizza était une partition à déchiffrer. Rémy était hypnotisé par leur grâce, leur agilité, et il imaginait ces mêmes doigts parcourir sa peau, caresser ses cheveux, l’emmener vers des horizons inconnus.
Les paroles de Charlotte se perdaient dans l’écho lointain, mais les murmures de son toucher imaginaire résonnaient intensément dans l’esprit de Rémy. Chaque phalange semblait incarner la promesse d’un amour profond, d’une complicité insaisissable.
Alors que Charlotte continuait de parler, Rémy tentait de reprendre pied dans la réalité, d’écouter ses mots avec la même ferveur qu’il accordait à ses mains. Mais il était prisonnier de cette fascination, ce charme mystérieux qui enveloppait chaque mouvement de Charlotte.
La pizza s’évanouissait peu à peu, dévorée par l’appétit insatiable de leurs échanges et de leurs rêves partagés. Mais pour Rémy, c’était l’image de ces doigts qui restait, gravée dans sa mémoire comme une obsession dévorante.
Et dans l’éclatante nuit de Sault-Sainte-Marie, Rémy et Charlotte étaient les protagonistes d’une histoire qui se déroulait bien au-delà des mots prononcés. Une histoire où les silences, les regards, et les doigts finement ciselés tissaient la trame d’un amour inébranlable, au-delà des frontières du temps et de l’espace.
(ALMD : F. S. Fitzgerald)