Extraits du journal intime d’Émile
21 septembre 2023
Aujourd’hui, une journée comme les autres à la librairie. Le soleil brille à l’extérieur, les rues de Briseville sont animées, mais moi, je suis enfermé dans ce lieu silencieux et poussiéreux, entouré de livres qui ne demandent qu’à être lus, mais il n’y a personne pour les lire.
Ça fait des heures que je suis assis derrière le comptoir, à observer les rayons de livres qui semblent me narguer. Les pages jaunies et les reliures usées, témoins du temps qui passe, me rappellent que cette librairie est un véritable trésor de connaissances. Mais aujourd’hui, elle est désespérément vide.
Il n’y a pas un seul client depuis ce matin. Le silence est si pesant que j’entends le tic-tac régulier de l’horloge murale, un son qui résonne comme une complainte mélancolique. Les heures s’étirent lentement, comme si le temps lui-même s’ennuyait ici.
Je regarde par la fenêtre et je vois les gens qui vaquent à leurs occupations à l’extérieur, les enfants qui rient, les couples qui se promènent main dans la main. Et moi, je suis coincé ici, dans cette librairie vide, à m’ennuyer à mourir.
Soudain, l’idée me traverse l’esprit. Pourquoi est-ce que je reste ici à attendre que quelque chose se passe ? Pourquoi ne pas fermer la librairie, prendre le premier train qui passe et partir à l’aventure ? L’idée de quitter cet endroit monotone et de découvrir un nouveau monde me tente de plus en plus.
Je regarde autour de moi une dernière fois, comme pour prendre congé de ces vieux livres qui ont été mes seuls compagnons pendant si longtemps. Puis, je ferme la librairie, verrouille la porte et jette un dernier regard par-dessus mon épaule.
Demain, je prendrai le premier train. Je ne sais pas où je vais, mais une chose est sûre : je quitte cet ennui, cette routine qui m’a enfermé pendant trop longtemps. La vie est trop courte pour rester prisonnier de ses propres habitudes. Il est temps de vivre, de respirer, de découvrir le monde qui m’attend au-delà de ces murs de livres.
25 septembre 2023
Aujourd’hui, je me suis retrouvé seul dans la librairie comme d’habitude, les rayons de livres qui m’entourent comme des sentinelles silencieuses. Mais quelque chose a changé en moi, quelque chose que je n’arrive pas à expliquer tout à fait.
Alors que je parcourais les allées, mes yeux se sont posés sur les livres, ces vieux compagnons de toujours, et soudain, une étrange sensation m’a envahi. C’était comme si chaque page, chaque mot imprimé, chaque histoire contenue dans ces livres me pesait soudainement sur les épaules. Une sorte de nausée littéraire, si l’on peut l’appeler ainsi.
J’ai senti une lourdeur dans ma poitrine, comme si ces livres avaient le pouvoir de m’écraser sous leur poids. Les mots semblaient tourbillonner dans ma tête, se mélangeant en une cacophonie de voix, d’histoires, de pensées. Chaque livre était comme une porte ouverte vers un monde différent, une réalité alternative, et je me sentais submergé par le tourbillon de toutes ces possibilités.
Je me suis assis derrière le comptoir, essayant de reprendre mon souffle. C’était comme si ces livres, qui avaient été ma passion pendant tant d’années, devenaient soudain une source d’angoisse. J’avais l’impression qu’ils me rappelaient toutes les histoires que je n’avais pas encore vécues, tous les endroits que je n’avais pas encore visités, toutes les vies que je n’avais pas encore vécues.
La librairie elle-même semblait différente, comme si les étagères s’étaient resserrées autour de moi, me piégeant dans cet univers de mots et de papier. Les livres semblaient me juger, me demandant pourquoi je restais ici, immobile, au lieu de partir à la découverte du monde réel.
J’ai fini par me lever et quitter la librairie, laissant derrière moi les livres qui semblaient me scruter de leurs couvertures colorées. À l’extérieur, l’air frais m’a enveloppé, dissipant peu à peu cette étrange nausée. Je suis rentré chez moi, essayant de chasser ces pensées troublantes de ma tête.
Ce soir, je vais réfléchir à ce que cela signifie. Peut-être que c’est le signe que je dois vraiment prendre ce premier train et partir à l’aventure. Peut-être que c’est le moment de laisser derrière moi cette librairie et de découvrir le monde réel, avec tous ses mystères et ses merveilles. Je ne sais pas encore quelle sera ma décision, mais une chose est sûre : quelque chose a changé en moi aujourd’hui, et je ne peux pas l’ignorer.
3 octobre 2023
Aujourd’hui, alors que je m’occupais de la librairie, les pensées m’ont ramené vers un lieu bien différent de ces étagères de livres poussiéreuses. Ma maison familiale, et plus particulièrement la chambre que je partageais avec ma sœur lorsque nous étions enfants, m’est revenue en mémoire.
Je me souviens encore des couleurs vives qui ornaient les murs de cette pièce. Le jaune lumineux des rideaux, le bleu azur des coussins, le vert tendre des tapis, tout cela créait une symphonie de couleurs qui égayait nos journées. Chaque matin, la lumière du soleil traversait la fenêtre et dansait sur les murs, créant des reflets chatoyants.
Ma mère avait un talent particulier pour la décoration intérieure, et elle avait transformé notre maison en un véritable tableau vivant. Chaque pièce avait sa propre palette de couleurs, sa propre atmosphère. La cuisine était chaleureuse et rustique, avec des tons de rouge et de brun. Le salon était élégant, dominé par des nuances de crème et d’or.
Mais c’était notre chambre, celle de ma sœur et moi, qui était la plus magique. Les couleurs vives semblaient stimuler notre imagination. Nous y passions des heures à jouer, à rêver, à créer nos propres mondes imaginaires. Les murs étaient tapissés de dessins que ma sœur et moi avions réalisés ensemble, chaque dessin racontant une histoire différente.
Aujourd’hui, en repensant à cette chambre, je ressens une douce mélancolie. Ma mère n’est plus là pour donner vie à ces couleurs, ma sœur a tracé son propre chemin, et moi, je suis ici, dans cette librairie solitaire. Les couleurs vives de mon enfance ont laissé place à la monotonie des rayons de livres.
Pourtant, il y a quelque chose de réconfortant dans ces souvenirs. Ils me rappellent que la vie est faite de couleurs, de moments lumineux et de joies simples. Peut-être que c’est à moi de ramener un peu de cette couleur dans ma vie, de sortir de ma routine et d’explorer le monde avec la même curiosité que lorsque j’étais enfant.
Ce soir, en rentrant chez moi, je vais peut-être sortir mes vieux dessins et me laisser emporter par ces souvenirs colorés. Peut-être que cela m’aidera à trouver le courage de prendre ce premier train et de partir à la recherche de nouvelles couleurs dans ma vie.
10 octobre 2023
Aujourd’hui, alors que je parcourais les rues de Briseville, mes pensées se sont arrêtées sur les couleurs qui m’entourent, ces teintes qui donnent de la vie au monde. Il y a quelque chose de magique dans le pouvoir des couleurs, quelque chose qui évoque des émotions, des souvenirs et des sensations.
Parmi toutes les couleurs qui peuplent mon esprit, cinq d’entre elles se démarquent comme mes favorites, chacune avec sa propre signification et son charme unique.
Le Bleu: C’est la couleur du ciel par une journée claire d’été, une étendue infinie de sérénité. Le bleu évoque la paix, la tranquillité et l’infini. Il me rappelle les après-midis passés à regarder les nuages dériver, à rêver de voyages lointains.
Le Vert : Le vert est la couleur de la nature qui s’épanouit, de la croissance et de la vie. Il symbolise la fraîcheur des forêts, la vitalité des champs, et il m’inspire un profond sentiment de connexion à la terre. Chaque fois que je me promène dans les bois, je me sens enveloppé par la sérénité du vert.
Le Jaune : Le jaune est le soleil qui brille après la pluie, la lueur chaleureuse de l’été qui illumine tout. Cette couleur représente la joie, la positivité et l’énergie. Les jours où le ciel est d’un bleu pur et où les fleurs jaunes s’épanouissent, je ne peux m’empêcher de sourire.
Le Rouge : Le rouge est la passion qui brûle en chacun de nous, la couleur de l’amour et du désir. Elle évoque l’intensité des émotions et la puissance de la vie. Le rouge me rappelle les moments de chaleur humaine, les étreintes sincères et les feux de camp sous un ciel étoilé.
Le Violet : Le violet est la couleur de la créativité et de la magie, une teinte mystique qui évoque l’imagination. Elle symbolise le mystère et l’émerveillement. Les couchers de soleil violets au-dessus des montagnes me rappellent que le monde est rempli de merveilles inexplorées.
Ces couleurs sont comme les chapitres d’un livre, chacune racontant sa propre histoire. Elles sont là pour égayer mes journées et me rappeler que la vie est un tableau multicolore, à moi de choisir les nuances que je veux y ajouter. Chaque jour est une nouvelle page à colorier, une nouvelle aventure à vivre.
19 octobre 2023
Aujourd’hui, quelque chose de merveilleux s’est produit dans ma librairie, quelque chose qui a éclairé ma journée d’une lueur d’émerveillement. Alors que je fouillais le fond de la librairie, cherchant un livre que j’avais égaré depuis des années, je suis tombé sur une vieille boîte poussiéreuse, dissimulée derrière une pile de livres oubliés.
La boîte était remplie de livres sur les oiseaux. Des guides ornithologiques, des recueils d’illustrations, des ouvrages sur les migrations aviaires, tout un trésor d’informations sur ces créatures fascinantes qui parcourent les cieux. Je ne me rappelais même pas les avoir achetés, et pourtant, ils étaient là, attendant patiemment d’être découverts.
En ouvrant la première page d’un des livres, j’ai été instantanément transporté dans un monde de plumes, de chants mélodieux et de couleurs chatoyantes. Les illustrations détaillées des oiseaux étaient d’une beauté saisissante, chaque détail anatomique soigneusement capturé par l’artiste. Les descriptions des espèces, de leurs habitudes et de leurs habitats m’ont fasciné.
Je me suis plongé dans ces livres avec une avidité que je n’avais pas ressentie depuis longtemps. Chaque page tournée révélait de nouveaux secrets sur le monde des oiseaux, des faucons majestueux aux petits moineaux qui animent nos jardins. J’ai découvert des histoires de migrations incroyables, de chants qui transcendent les frontières linguistiques, de nids construits avec une ingéniosité étonnante.
La journée est passée comme un éclair, et quand j’ai levé les yeux de ces livres, le soleil se couchait doucement à l’horizon. J’ai réalisé à quel point j’avais été absorbé par cette redécouverte inattendue.
Ces livres sur les oiseaux m’ont rappelé que même dans la routine quotidienne, il y a toujours des trésors cachés à découvrir, des merveilles qui attendent patiemment d’être révélées. Je me suis promis de consacrer plus de temps à explorer le monde qui m’entoure, que ce soit à travers les pages d’un livre ou au-delà des murs de ma librairie.
Ce soir, je vais me replonger dans ces livres sur les oiseaux, non pas comme une tâche à accomplir, mais comme un voyage à entreprendre, une aventure à savourer. La nature est une source inépuisable d’émerveillement, et je suis déterminé à en explorer chaque recoin, qu’il soit en haut d’un arbre, sous l’eau ou entre les pages d’un livre.
5 novembre 2023
Les dernières semaines ont été marquées par une activité qui a apporté un nouvel éclat à ma vie quotidienne. Depuis que j’ai découvert cette boîte de livres sur les oiseaux dans le fond de ma librairie, j’ai entrepris un voyage artistique qui m’a apporté un plaisir immense.
Chaque soir, après la fermeture de la librairie, je m’installe à mon bureau avec un assortiment de crayons de couleur, de fusains et de papier à dessin. Je choisis un oiseau parmi ceux photographiés dans les livres, une espèce qui m’intrigue particulièrement, et je commence à dessiner.
Il y a quelque chose d’incroyablement gratifiant dans le processus de reproduction de ces créatures ailées. Chaque plume que je trace, chaque détail anatomique que je m’efforce de capturer, me rapproche un peu plus de la nature. C’est comme si, à travers le dessin, je parvenais à me connecter à ces oiseaux d’une manière nouvelle et profonde.
J’ai découvert que le temps semblait s’écouler différemment lorsque je suis plongé dans la création artistique. Les heures passent sans que je m’en rende compte, et je me retrouve complètement absorbé par mon travail. C’est une méditation silencieuse, un moment où je me perds dans les courbes des ailes, les nuances des plumages et les regards perçants.
Ce qui me fascine le plus, c’est la diversité incroyable des oiseaux. Chaque espèce a sa propre personnalité, sa propre beauté unique. Des rapaces majestueux aux oiseaux chanteurs délicats, chaque dessin que je crée est une célébration de cette richesse de la nature.
Bien sûr, mes compétences en dessin sont loin d’être parfaites, mais ce n’est pas le but. Ce qui compte, c’est le processus lui-même, la connexion intime que je ressens avec chaque oiseau que je dessine. C’est une façon pour moi de rendre hommage à la beauté du monde naturel et de la préserver, même au sein des pages de mes livres.
Je suis reconnaissant d’avoir découvert cette nouvelle passion, cette manière de voir la nature d’un œil différent. Mon bureau est désormais un sanctuaire créatif où les oiseaux prennent vie sous mes doigts, où la magie de l’art rejoint la magie de la nature. Je suis impatient de voir où ce voyage artistique me mènera et de découvrir encore davantage les merveilles de notre monde.
18 novembre 2023
Aujourd’hui, alors que je terminais un dessin d’un magnifique geai bleu, une pensée m’a traversé l’esprit : le plaisir que je trouve dans le dessin est comme un précieux souvenir d’enfance qui resurgit.
Lorsque j’étais jeune, le dessin était une partie essentielle de ma vie. Je me souviens de ces après-midis passés à griffonner sur des cahiers, à créer des mondes imaginaires peuplés de créatures fantastiques. Mes parents m’encourageaient toujours à laisser libre cours à mon imagination, et ma mère avait même aménagé un petit coin dans la maison spécialement pour mes activités artistiques.
À l’époque, je ne me préoccupais pas de la perfection technique. Le dessin était une façon pour moi d’exprimer mes rêves et mes émotions. Je pouvais passer des heures à dessiner des oiseaux, des arbres, des paysages fantastiques. Chaque coup de crayon était une aventure, une exploration de mon propre monde intérieur.
Puis, au fil des années, les responsabilités de la vie d’adulte ont pris le dessus. Le dessin est devenu une activité occasionnelle, reléguée au fond de ma mémoire. Je me suis perdu dans les pages des livres que je vendais, dans les tâches quotidiennes de la librairie. Le temps a semblé filer à toute vitesse, emportant avec lui cette partie de moi-même.
Cependant, maintenant que j’ai redécouvert le dessin grâce à ces livres sur les oiseaux, je me rends compte à quel point cela me manquait. C’est comme si une porte s’était ouverte sur un passé enfoui, une époque où la créativité était ma compagne constante.
Ce qui est encore plus merveilleux, c’est que je ne ressens plus la pression de devoir être un artiste accompli. Le simple acte de dessiner, de m’immerger dans la création, suffit à me remplir de bonheur. C’est une sorte de retour à l’essentiel, à cette joie pure que l’on ressent lorsque l’on laisse libre cours à son imagination.
Peut-être que c’est là l’un des plus grands enseignements que j’ai tirés de cette redécouverte : ne jamais perdre le contact avec les passions qui nous sont chères, même si elles semblent s’effacer avec le temps. Le dessin, pour moi, est un rappel de la magie de l’enfance, un trésor que je suis déterminé à préserver dans ma vie d’adulte.
Ce soir, je vais continuer à dessiner, laissant les souvenirs d’enfance se mêler à mes créations actuelles. C’est comme si je renouais avec un vieil ami, un ami qui m’a toujours connu et qui est prêt à m’accompagner dans les nouvelles aventures de la vie.