Rémy Fortier

Exister. Une œuvre en soi

Le bain (12/25)

Charlotte au bain
Charlotte au bain - 1

La chaleur étouffante de l’été pesait sur Sault-Sainte-Marie, engourdissant les esprits et attisant les désirs. Rémy, éperdument amoureux de Charlotte, arpentait la maison familiale avec une impatience fiévreuse. C’était dans ces moments d’intimité qu’il la désirait le plus, cherchant à la voir, ne serait-ce qu’un instant, dans toute sa beauté.

Un après-midi étouffant, alors que le soleil atteignait son zénith, Rémy aperçut Charlotte près de la piscine familiale. Son cœur s’emballa dans sa poitrine, captivé par la vision enchanteresse de sa bien-aimée. Elle se tenait là, nue, telle une nymphe dans les eaux scintillantes.

Rémy était tiraillé entre le désir brûlant de la rejoindre dans cette intimité secrète et la crainte de détruire l’inviolabilité de cet instant. Il était pris entre la tentation et la pudeur, une lutte intérieure qui le déchirait. Il savait que franchir cette frontière serait une transgression, une intrusion dans l’intimité sacrée de Charlotte.

La peur de voir le père de Charlotte surgir à tout instant ajoutait une touche de danger à cette scène déjà électrisante. Rémy imaginait les conséquences de sa présence à cet endroit, les regards foudroyants, les paroles coupantes, les conséquences dévastatrices qui pourraient suivre.

Il observa Charlotte avec une admiration mêlée de frustration, son cœur palpitant, le souffle court. Son amour pour elle grandissait, se transformant en une obsession dévorante, mais il se sentait enchaîné par les convenances et les limites imposées par la société.

Rémy resta immobile, caché dans l’ombre, buvant des yeux la silhouette gracile de Charlotte se mouvant dans l’eau. Il pouvait presque sentir la caresse des gouttelettes sur sa propre peau, presque entendre les battements de son propre cœur.

Finalement, il prit une décision. Laissant derrière lui cette vision irréelle, il s’enfonça dans la solitude de son propre sanctuaire intérieur. Il comprit que son amour pour Charlotte, bien qu’intense et inconditionnel, devait respecter les limites et les conventions de leur monde.

Dans le silence pesant de cette après-midi étouffante, Rémy emporta avec lui le souvenir de cette scène fugace, gravée à jamais dans les replis de son esprit tourmenté. Il savait que leur amour était un feu ardent, brûlant de désir, mais il devait apprendre à le contenir, à le sublimer, à le protéger des flammes destructrices qui menaçaient de tout engloutir.

Ainsi, Rémy poursuivit son chemin dans cette danse complexe entre désir et retenue, cherchant l’équilibre fragile qui leur permettrait de préserver leur amour tout en respectant les limites imposées par le monde extérieur. Car parfois, c’est dans la pudeur et la retenue que l’amour peut trouver sa plus belle expression, dans l’attente et la contemplation, dans les secrets murmurés à l’ombre des cœurs éperdus.

(ALMD : W. Faulkner)

Charlotte au bain
Charlotte au bain - 2

Au grenier (13/25)

Charlotte au grenier avec une valise
Charlotte au grenier

Dans l’atmosphère embrasée du grenier, Rémy et Charlotte s’étreignaient passionnément, emportés par le tourbillon de leurs désirs. Les lueurs tamisées jouaient sur leurs corps enlacés, créant des ombres intimes qui dansaient sur les murs.

Leurs lèvres se cherchaient, s’entrelaçaient avec une ferveur dévorante. Les murmures sensuels et les soupirs complices se mêlaient dans l’air étouffant. Rémy sentait la douceur de la peau de Charlotte sous ses doigts, la caressant avec une délicatesse empreinte d’urgence.

Mais alors que l’extase commençait à les envahir, un bruit soudain ébranla leur étreinte enivrante. Charlotte, prise de panique, murmura à Rémy qu’ils devraient s’arrêter, se rhabiller et redescendre. L’inquiétude perçait dans sa voix, mais Rémy était captivé par le désir qui l’animait, il ne voulait pas s’arrêter.

Il se pressa davantage contre le corps de Charlotte, guidé par une force irrésistible. Son désir était une force incontrôlable qui le poussait à se perdre dans les recoins les plus profonds de l’extase. Il murmura à l’oreille de Charlotte que c’était plus fort que lui, qu’il ne pouvait pas résister.

Leurs mouvements s’accélérèrent, leurs souffles se mêlèrent dans un rythme effréné. Rémy se consumait dans la passion brûlante qui l’envahissait, ne pouvant se détourner de ce feu ardent qui dévorait son être. Il ne pouvait pas se contenter de s’arrêter, de laisser les craintes les séparer.

Charlotte, tiraillée entre l’excitation et l’inquiétude, céda à la tentation du plaisir qui les enveloppait. Elle abandonna ses craintes et se laissa emporter par la fougue de Rémy, se noyant dans cette alchimie fusionnelle.

Les murs du grenier étaient témoins de leur étreinte fiévreuse, leurs gémissements vibrant dans l’espace restreint. Le temps semblait s’effacer, ne laissant place qu’à l’intensité de leurs sensations. Ils étaient en osmose, explorant les abysses de leur amour avec une intensité inégalée.

Et dans cet instant suspendu, Rémy et Charlotte se perdaient l’un dans l’autre, s’abandonnant à un monde d’extase et de désir. Rien d’autre n’importait, seul leur étreinte ardente comptait, transcendant les peurs et les limites.

Après cette communion charnelle, ils restèrent là, enlacés, leurs souffles apaisés mélangeant les effluves de leur amour. Les bruits de la vie reprenaient doucement leur place, mais dans leur esprit, dans ce grenier imprégné de leur intimité, seul persistait le souvenir brûlant de leur étreinte interdite.

(ALMD : A. Nin)

Charlotte au grenier avec son amoureux
Charlotte au grenier avec son amoureux

L’ombre des bois (14/25)

Dans l'ombre des bois - Lovecraft
Dans l'ombre des bois - 1

La lune baignait la réserve indienne Rankin d’une lueur spectrale, éclairant les arbres centenaires qui semblaient se tordre dans une danse sinistre. Rémy, épris de Charlotte, avait suivi son cœur dans cette forêt maudite, ignorant les avertissements des anciens.

La nuit était tombée, étreignant la nature de ses ténèbres oppressantes. Rémy avançait avec précaution, chaque bruissement de feuilles lui semblant être un murmure indistinct. Il discernait des ombres mouvantes qui se faufilaient entre les arbres, éveillant en lui une angoisse indicible.

Soudain, des cris perçants déchirèrent le silence nocturne, résonnant dans les profondeurs de l’âme de Rémy. La terreur s’empara de lui, glaçant son sang. Son regard fut attiré par un faisceau de lumière bleue qui se déplaçait parmi les arbres, éclairant brièvement les ténèbres environnantes.

Il aperçut Charlotte, vêtue d’une robe blanche, se dirigeant vers cette lumière ensorcelante. Son cœur se serra d’inquiétude, sachant qu’elle était en danger, qu’une force surnaturelle était à l’œuvre. Rémy sentit une présence malveillante, une entité terrifiante qui se tapissait dans l’obscurité.

La peur l’étreignit, ses jambes tremblèrent. Sans réfléchir, il fit volte-face et s’enfuit à travers la forêt, ne se souciant plus des branches qui lui fouettaient le visage, des racines qui semblaient se tordre pour le faire trébucher. Il n’avait qu’une seule pensée en tête : sauver Charlotte, s’éloigner de cette manifestation d’horreur indicible.

Son souffle saccadé, sa vision obscurcie par la terreur, Rémy ne se retourna pas. Il ne voulait pas voir ce qui se cachait derrière lui, car dans son esprit, il avait l’image d’un monstre affreux, prêt à dévorer Charlotte, à la plonger dans un abîme sans fond.

Il échappa à la forêt maudite, retournant à la civilisation avec le cœur brisé et l’âme tourmentée. Il garda en lui le souvenir de cette nuit terrifiante, mais il garda aussi l’espoir, l’espoir de sauver Charlotte de l’horreur indicible qui l’avait attirée dans les entrailles de la réserve indienne.

Depuis lors, Rémy fut hanté par ces visions, par l’angoisse de ce qu’il avait vu cette nuit-là. Il savait que des forces inconnues, bien au-delà de la compréhension humaine, étaient à l’œuvre dans les recoins obscurs de notre réalité. Et il était déterminé à se confronter à elles, à dévoiler la vérité, à sauver Charlotte des griffes du mal qui rôdait dans l’ombre.

(ALMD : H. P. Lovecraft)

Dans l'ombre des bois - Lovecraft
Dans l'ombre des bois - 2

Les rails (15/25)

Rémy à la gare
Rémy à la gare

Le quai de la gare était baigné d’une lumière pâle et froide, reflétant l’amertume qui habitait le cœur de Rémy. Il fixait Charlotte, vêtue d’une élégante robe de voyage, ses yeux étincelants de détermination. Elle se tenait là, prête à embarquer à bord du train qui l’emmènerait vers un avenir prometteur à Toronto, où elle poursuivrait ses rêves d’études de médecine.

Leurs regards se croisèrent un instant, et dans cet échange fugace, Rémy comprit qu’un gouffre s’était creusé entre eux. Les mots se perdaient dans sa gorge, tandis que l’angoisse se nouait dans son ventre. Il sentait les liens qui les avaient unis se distendre, s’évanouir lentement comme des fils de fumée emportés par le vent.

Le sifflement du train annonça son départ imminent, et Rémy sentit son cœur se serrer douloureusement. Les souvenirs de leur amour partagé, de leurs moments complices et passionnés, se bousculaient dans sa tête, créant un tourbillon d’émotions contradictoires. Il aurait voulu saisir Charlotte, la retenir à tout jamais, mais il savait que c’était impossible.

Les larmes embuaient ses yeux tandis qu’il observait Charlotte monter à bord du train. Il comprenait que cet instant était un adieu, un point final à leur histoire d’amour tourmentée. Elle s’éloignait, emportant avec elle ses rêves et ses espoirs, laissant Rémy seul avec les regrets et les souvenirs qui le hanteraient à jamais.

Le train s’ébranla, s’éloignant dans un grondement métallique, emportant Charlotte vers un futur incertain. Rémy resta là, sur le quai désert, figé dans le temps, regardant le train disparaître à l’horizon. Il comprenait que la vie les avait séparés, que leurs chemins s’étaient divergés de manière irrévocable.

Une mélancolie profonde s’empara de lui, enveloppant son être comme un voile sombre. Il se sentait dépossédé, privé de la présence réconfortante de Charlotte. La réalité de son absence se fit douloureusement ressentir, créant un vide béant dans le cœur de Rémy.

Il se résigna à accepter la vérité : il ne la reverrait jamais. Les années passeraient, les saisons se succéderaient, mais Charlotte serait toujours une énigme lointaine, une silhouette fugace dans les méandres de ses souvenirs. Il devait apprendre à vivre avec cette absence, à trouver un sens dans cette perte incommensurable.

Rémy se retourna lentement, décidé à affronter l’avenir avec résilience. Il avait aimé Charlotte de tout son être, et même si elle était partie, son amour perdurerait dans les replis de son âme. Il se promit de ne pas laisser cette séparation le détruire, de continuer à avancer malgré la douleur, de chercher la lumière même dans les ténèbres de son cœur brisé.

Et ainsi, Rémy s’éloigna de la gare, laissant derrière lui le fantôme de ce qui avait été, mais portant en lui l’espoir d’un nouveau départ, d’une renaissance dans l’ombre de ce qui aurait pu être.

(ALMD : T. Morrison)


Mayonnaise (16/25)

Rémy Fortier ville
Rémy en ville - 1

Remy: (S’asseyant au bar, morose) Bonsoir, mon vieux. Ça fait une éternité.

Vieil ami: Remy ! Je n’en crois pas mes yeux. Comment ça va ? Ça fait une éternité en effet. Qu’est-ce qui t’amène ici ce soir ?

Remy: Oh, tu sais, juste en train d’errer dans les rues de Sault-Sainte-Marie, me remémorant les jours où Charlotte était encore là. Maintenant qu’elle est partie à Toronto pour ses études, tout semble si vide et terne.

Vieil ami: Ah, Charlotte. Je me souviens que vous étiez inséparables à l’école secondaire. C’était une fille spéciale. Mais la vie nous sépare souvent, n’est-ce pas ?

Remy: Oui, c’est vrai. Parfois, ça fait mal de penser à tout ce qu’on partageait, les rêves que nous avions ensemble. Maintenant, elle est loin, et je me sens perdu.

Vieil ami: Tu sais, Remy, la vie est faite de rencontres et de séparations. C’est difficile de laisser partir ceux qu’on aime, mais cela fait aussi partie de grandir, de trouver notre propre chemin.

Remy: Je suppose que tu as raison. Mais parfois, j’ai l’impression que je ne pourrai jamais retrouver cette connexion avec quelqu’un d’autre, cette complicité qui nous unissait.

Vieil ami: Ne te laisse pas abattre, mon ami. L’amour et l’amitié peuvent se présenter à nous de différentes manières, quand on s’y attend le moins. Laisse le temps faire son œuvre, et tu verras que de nouvelles opportunités se présenteront.

Remy: J’espère vraiment que tu as raison. Parce que pour l’instant, j’ai l’impression d’être dans un océan sans fin, cherchant désespérément un rivage où me reposer.

Vieil ami: Écoute, Remy, prends ton verre, bois à l’avenir et aux rencontres à venir. Sault-Sainte-Marie n’est pas si grand, mais il y a encore tant à découvrir. Et qui sait, peut-être que l’amour te surprendra quand tu t’y attendras le moins.

Remy: Merci, mon vieux. Tes paroles me réchauffent le cœur. Je vais essayer de garder espoir et de laisser la vie me guider vers de nouveaux horizons.

Vieil ami: C’est tout ce que je te souhaite, mon ami. Profite de chaque instant, car la vie est trop courte pour se morfondre sur ce qui a été. Lève ton verre avec moi, à de nouveaux départs et à l’amour qui nous attend.

(Remy lève son verre, un sourire naissant sur son visage, et ils trinquent ensemble, partageant un moment de camaraderie dans ce bar paisible de Sault-Sainte-Marie.)

(ALMD : R. Brautigan)

 

Rémy Fortier ville
Rémy en ville - 2

Non mais t’as vu? (17/25)

Rémy Fortier ivre
Le vin coule à flot

Rémy: Putain de merde ! Charlotte, je ne comprends pas. Comment peux-tu me faire ça ? Ignorer mes lettres, me laisser dans l’obscurité totale. Qu’est-ce que j’ai fait de mal ?

(S’adressant aux goélands)

Rémy: Vous les voyez, les goélands ? Vous les voyez, ces putains d’oiseaux qui volent librement dans le ciel, sans se soucier de rien ? Ils n’ont pas à supporter les tourments de l’amour perdu, de l’abandon. Ils n’ont pas à endurer cette putain de douleur qui me consume.
(Buvant une gorgée de rye)

Rémy: Vous savez quoi ? Je vais vous rejoindre. Je vais voler avec vous, loin de cette foutue réalité qui me pèse. Je vais m’évader dans le vent, me perdre dans l’immensité du ciel. Plus de lettres ignorées, plus de souvenirs qui me hantent. Juste la liberté et le vide.

(Riant amèrement)

Rémy: Mais merde, je suis en train de déconner. Les goélands ne peuvent pas comprendre ma détresse. Ils se nourrissent de poissons, pas de chagrins d’amour. Ils n’ont pas de cœur, putain !

(Jetant la bouteille vide)

Rémy: Charlotte, pourquoi tu me fais ça ? On avait tout, putain ! Des moments merveilleux, des rires, des promesses. Et maintenant, tu m’ignores. Tu te perds dans le néant et tu me laisses seul, avec cette putain de bouteille de rye comme seul confident.

(Se levant, regardant les goélands)

Rémy: Allez, envolez-vous. Allez rejoindre vos camarades dans le ciel. Vous êtes libres, vous n’avez pas à supporter cette putain de douleur. Moi, je vais rester ici, avec mes regrets et ma tristesse, à me demander où tout a dérapé.

(S’essuyant les larmes)

Rémy: Mais écoutez-moi, putains d’oiseaux ! Je vais me relever. Je vais guérir cette blessure qui me ronge. Je vais trouver la force de me détacher de toi, Charlotte. Je vais me reconstruire, seul, si je le dois.

(Se retournant, se dirigeant lentement vers la sortie du parc)

Rémy: Alors, adieu les goélands. Adieu, Charlotte. Je m’en vais, avec ou sans toi. Et je vais réapprendre à vivre, à aimer, à voler, sans que rien ni personne ne puisse me retenir.

(Rémy s’éloigne, laissant les goélands derrière lui, le cœur lourd mais résolu à trouver un chemin vers la guérison.)

(ALMD : J. Harrison)

Rémy Fortier ivre
Le vin coule à flot et l'esprit coule

Putain de whisky (18/25)

Rémy Fortier poker
Soirée poker - 1

Rémy: Putain, les gars, je peux vous dire une chose ? Charlotte me manque putain de trop. Vous n’imaginez même pas. Regardez-moi, je suis complètement torché, mais ça ne change rien à la douleur qui me dévore.

Stan: Rémy, mec, je comprends. On a tous été là, à se morfondre pour une femme. Mais écoute, ça ne sert à rien de te noyer dans l’alcool. Charlotte est partie, c’est dur, mais tu dois avancer.

Mitch: Ouais, mec, t’as raison. Prends une autre gorgée de whisky et arrête de te lamenter. On est là pour toi, bordel.

Rémy: Non, les gars, vous comprenez pas. Charlotte, c’était pas n’importe qui. Elle avait cette putain de bouche, vous savez, celle qui te donne envie de tout lâcher et de l’embrasser jusqu’à en perdre le souffle. Et ses cheveux, ces putains de cheveux bouclés qui retombaient sur ses épaules… ça me rendait fou.

Stan: Rémy, mec, tu te mets trop dans la tête tout ça. Charlotte était cool, ouais, mais tu sais qu’il faut avancer, bordel. Y a d’autres nanas là dehors, mec.

Rémy: Peut-être, mais les gars, vous avez jamais vu ses hanches. Des courbes parfaites, putain. Et ces petits pieds… merde, ça me rendait dingue. Je peux pas oublier tout ça si facilement.

Mitch: Rémy, mec, tu te perds dans tes souvenirs. T’as besoin de te secouer et de passer à autre chose. Prends tes cartes et joue, mec. C’est ça, l’instant présent.

Rémy: Ouais, ouais, je sais, les gars. Mais putain, c’est dur. Je sais que je dois l’oublier, mais j’ai encore son visage en tête, ses yeux qui me hantent. J’ai l’impression que je la reverrai jamais.

Stan: Peut-être que tu la reverras jamais, Rémy. Peut-être que c’est foutu. Mais ça veut pas dire que t’as plus rien à vivre. Il y a tellement d’autres choses dans la vie, mec. Faut pas rester accroché à une histoire qui s’est terminée.

Rémy: Ouais, je sais… j’essaie, les gars, vraiment. Mais c’est dur, vous savez. Les souvenirs, ça reste. Et Charlotte, elle restera toujours quelque part dans mon foutu cœur.

(Le silence s’installe dans la pièce, les cartes sont posées sur la table, les verres se vident lentement. Rémy fixe le vide, perdu dans ses pensées, tandis que Stan et Mitch le regardent, impuissants face à sa détresse.)

Stan: Allez, Rémy, mets-toi une autre main. La vie continue, mec. Et qui sait, peut-être qu’un jour, tu rencontreras une autre fille qui te fera oublier Charlotte. Mais pour l’instant, joue avec nous. On est là, bordel.

Rémy: Ouais, les gars, vous avez raison. Faut que j’arrête de me morfondre et que je profite de l’instant présent. Charlotte est partie, mais je suis encore là. Alors, les cartes, les verres, jouons jusqu’à l’aube.

(Et dans la fumée des cigarettes, le bruit des jetons et les rires étouffés, Rémy tente de noyer sa peine dans le jeu et l’amitié, en espérant qu’un jour, la douleur de l’absence s’atténuera.)

(ALMD : C. Bukowski)

Rémy Fortier poker
Soirée poker - 2

La fabrication des souvenirs (19/25)

Rémy Fortier, Frida Kahlo
Rémy Fortier en Frida Kahlo

Rémy, seul dans sa chambre à coucher, s’était paré des atours de Charlotte. Les vêtements féminins caressaient son corps, le soutien-gorge enserrait sa poitrine, les bas de nylon glissaient le long de ses jambes. Une robe fleurie enveloppait sa silhouette, sa féminité se révélait dans les nuances des motifs.

Il s’était maquillé, méticuleusement, afin de se fondre dans le reflet qu’il imaginait être celui de Charlotte. Son regard se posa sur le miroir, un miroir qui semblait contenir toutes les vérités du monde.

La colère et le désir dansaient en lui, s’entremêlaient dans un écheveau complexe. Les flammes de la passion et de la trahison brûlaient en lui, si contradictoires, si insaisissables. Les souvenirs de Charlotte se mêlaient à sa propre identité, se confondaient dans cette chambre empreinte de secrets.

Rémy se regarda dans le miroir, observant les traits féminins qui se reflétaient. Il était à la fois lui-même et Charlotte, une fusion troublante de deux âmes en écho. La colère se transforma peu à peu en un désir fiévreux, une nostalgie érotique qui le poussait vers l’inconnu.

Dans ce jeu de rôles introspectif, Rémy ressentait une intensité nouvelle, une liberté dans le déguisement, une exploration des frontières du genre et de l’identité. Il se laissa emporter par les vagues tumultueuses de cette métamorphose, s’abandonnant à la transformation, à l’exploration de son être profond.

Le miroir lui renvoyait une image troublante, une image qui défiait les conventions et les attentes. Il était Rémy, il était Charlotte, il était un mélange des deux, une énigme vivante qui cherchait à comprendre les intrications de son propre désir.

Dans cette chambre, dans ce moment de révélation, Rémy ne se sentait ni homme ni femme, mais une entité fluide, en perpétuelle métamorphose. Les frontières s’effaçaient, les catégories se dissolvaient dans un kaléidoscope de sensations et d’émotions.

Il savait que le chemin serait difficile, que les jugements et les préjugés l’attendaient au détour de chaque rue. Mais dans cet instant, dans cette chambre chargée de mystère, Rémy embrassa son authenticité, sa singularité, son désir. Il était lui-même, il était Charlotte, et il était libre dans cette étreinte intime avec son propre être.

(ALMD : G. Stein)

Rémy Fortier, Frida Kahlo
Rémy en Frida Kahlo

Un sofa-lit (20/25)

Rémy Fortier sofa psychanalyse
Rémy Fortier et la psychanalyse

Psychanalyste: Bonjour Rémy, installez-vous confortablement. Comment puis-je vous aider aujourd’hui ?

Rémy: Bonjour. Eh bien, je suppose que je suis ici parce que je suis perplexe au sujet de mes sentiments pour Charlotte. Je suis complètement obsédé par elle, mais elle semble me rejeter sans raison apparente.

Psychanalyste: Intéressant. Parlez-moi un peu de votre relation avec Charlotte. Comment vous sentez-vous en sa présence ?

Rémy: Oh, c’est indescriptible. Quand je suis près d’elle, j’ai l’impression que le monde entier s’efface. Elle est belle, intelligente, et il y a quelque chose en elle qui me fascine.

Psychanalyste: Je comprends. Permettez-moi de formuler une hypothèse. Votre désir ardent pour Charlotte pourrait être le résultat d’une régression au stade oral du développement de l’enfant. C’est une période où l’enfant recherche la satisfaction de ses besoins à travers l’absorption et la succion.

Rémy: Attendez une minute, vous voulez dire que mon amour pour Charlotte est juste une manifestation de mon besoin infantile de satisfaction orale ? C’est absurde !

Psychanalyste: Je comprends que cela puisse vous sembler étrange, mais la psychanalyse nous permet d’explorer les motivations profondes qui sous-tendent nos désirs et nos comportements. Votre attachement à Charlotte pourrait être un moyen de retrouver un sentiment de complétude que vous n’avez peut-être pas ressenti dans votre enfance.

Rémy: Écoutez, je ne suis pas d’accord avec cette interprétation. Mon amour pour Charlotte est réel et authentique. C’est bien plus que des besoins oraux infantiles. Je suis profondément attaché à elle en tant que personne.

Psychanalyste: Je comprends votre frustration, Rémy. La psychanalyse explore différents niveaux de compréhension, mais elle ne nie pas la réalité de vos émotions. Peut-être pourrions-nous explorer davantage votre histoire personnelle pour mieux comprendre votre attachement à Charlotte.

Rémy: Non, je ne suis pas d’accord. Je pense que cette approche psychanalytique est trop simpliste et réductrice. Mes sentiments pour Charlotte sont complexes et profonds, et ils ne peuvent pas être réduits à une simple régression infantile.

Psychanalyste: Je comprends votre point de vue, Rémy. Nous pouvons explorer d’autres approches thérapeutiques si vous le souhaitez. Mon objectif est de vous aider à mieux comprendre vos émotions et à trouver des moyens de les gérer de manière constructive.

Rémy: Je vais y réfléchir. Mais pour l’instant, je pense que je vais mettre une pause à cette thérapie. Je ne suis pas prêt à accepter cette explication simpliste de mes sentiments pour Charlotte.

Psychanalyste: C’est tout à fait compréhensible, Rémy. Prenez le temps qu’il vous faut pour réfléchir. Sachez que je suis là si vous avez besoin de reprendre notre discussion ultérieurement.

(ALMD : W. Allen)

Rémy Fortier sofa psychanalyse
Rémy Fortier et la psychanalyse

Liste intérieure (21/25)

phare avec poire
La trahison des phares

Le flux incessant de souvenirs m’envahit alors que je m’égare dans les méandres de ma pensée. Charlotte, un nom si simple, mais qui porte en lui une multitude de significations. Je ne peux m’empêcher de l’associer à d’autres femmes de ma vie, telles des entrelacements inextricables de fils d’une même toile.

Simone, ma mère, avec sa tendresse protectrice et ses yeux doux comme des colombes. Elle a toujours été là pour moi, me guidant dans les dédales de la vie, m’insufflant la force et l’amour nécessaires pour avancer. Charlotte, tu es comme elle, une présence réconfortante, une force qui me pousse en avant.

Marie-Josée, ma cousine, avec son rire contagieux et ses cheveux bouclés qui dansent au gré du vent. Elle représentait la joie de vivre, l’insouciance de l’enfance. Je retrouve en toi, Charlotte, cette même légèreté, cette même capacité à illuminer mon existence de tes éclats de rire et de ta vivacité.

Mme Lavoie, ma maîtresse d’école, avec sa voix douce et son regard bienveillant. Elle m’a encouragé à poursuivre mes rêves, à croire en moi-même. Charlotte, tu es pour moi cette inspiration, cette force motrice qui me pousse à me surpasser, à aller au-delà de mes limites.

Et puis, l’odeur de la salle de classe, mêlant le parfum des crayons de couleur, des livres fraîchement imprimés et de l’encre sur les pages blanches. C’est une odeur familière, réconfortante, qui m’enveloppe de souvenirs d’apprentissage et de découvertes. Une odeur qui me rappelle notre rencontre, Charlotte, et le début de notre histoire.

Et enfin, la forme d’une poire, sinueuse et sensuelle, qui évoque la volupté, la tentation. Charlotte, tu es comme cette poire, une invitation au plaisir, à la découverte de l’inconnu. Je suis fasciné par ta beauté délicate, par tes courbes gracieuses qui se dessinent devant moi.

Et dans cet océan de pensées, émerge la figure élancée d’un phare, majestueux et solitaire. Il représente la constance, la stabilité dans un monde en perpétuel mouvement. Charlotte, tu es mon phare, ma constante dans un monde tourbillonnant. À travers toi, je trouve la stabilité et la direction dont j’ai besoin pour avancer.

Ainsi se mêlent les fils de ma vie, tissant une toile complexe où Charlotte est à la fois mère, cousine, maîtresse, odeur, forme et phare. Une symphonie d’émotions qui me transporte vers un avenir incertain, mais rempli de promesses.

(ALMD : V. Woolf)

phare avec poire
La trahison des poires